La Feuille de route pour la transition écologique du gouvernement prévoit de mettre aux meilleures normes énergétiques un million de logements neufs et anciens chaque année. Mais les comportements de consommation minent les économies d’énergie attendues, les gains de performance énergétique peuvent être annulés de 5 à 50% par un effet rebond. Il constitue un obstacle aux politiques de croissance verte. Il a été mis en évidence dans de nombreux travaux de recherche qui distinguent l’effet rebond direct, sur un même poste énergétique (un équipement plus performant est davantage utilisé) et l’effet rebond indirect (les gains financiers réalisés sur un poste de consommation sont utilisés pour accroître la consommation dans d’autres postes du budget du ménage). Les ressorts du phénomène sont autant techniques que sociologiques. Par exemple, le CRûDOC a mis en évidence que la température jugée confortable dans le séjour par les ménages français était fortement dépendante de la date de construction de leur logement. Plus le logement est récent, plus la température jugée confortable est susceptible de dépasser 20 °C.
Afin d’éviter cet effet rebond, il est indispensable d’accompagner les campagnes de construction et de rénovation des logements par des incitations à économiser l’énergie. Selon le Centre d’analyse stratégique, quatre d’entre elles méritent d’être expérimentées à grande échelle :

  • la mise en place, en partenariat avec les collectivités locales, de concours récompensant les immeubles, les quartiers, les communes, les familles… réalisant les « meilleures » économies d’énergie ;
  • la diffusion aux habitants de logements anciens qui ont récemment réalisé des travaux de rénovation thermique, lors de l’envoi de la facture d’électricité, de fuel ou de gaz, d’informations sur les économies d’énergie théoriquement attendues après travaux et sur celles, moins importantes, qui seront effectivement réalisées si leurs habitudes de consommation n’évoluent pas ;
  • la diffusion aux habitants de logements neufs, lors de l’envoi de la facture d’électricité, de fuel ou de gaz, d’informations sur la consommation moyenne d’un ménage ‘économe’ de taille identique, en comparaison de leur propre consommation ;
  • la diffusion aux particuliers des coûts et des bénéfices que représentent l’évolution de pratiques ou l’acquisition d’appareils économes en électricité, par l’intermédiaire de leur facture d’électricité et de messages électroniques (SMS, mails).

La transparence garantira la crédibilité de l’action de l’ûtat. Les messages sur les économies budgétaires réalisables grâce à des dispositifs d’aide à la gestion de la consommation devront être précis. Si les gains ne représentent qu’une petite partie de la facture d’énergie, ils n’auront pas l’effet incitatif escompté et risquent au contraire de décourager les comportements économes.