FOCUS SUR LE SALON INTERNATIONAL DU PATRIMOINE CULTUREL, LABELLISÉ « ANNÉE EUROPÉENNE DU PATRIMOINE CULTUREL »
Rendez-vous essentiel de toute une profession, le Salon international du patrimoine culturel (SIPC) rassemble encore cette année plus de 300 exposants, représentant une quarantaine de métiers au cours de quatre journées d’échanges. En 2017, quelque 22 000 visiteurs ont sillonné le Carrousel du Louvre, à la rencontre des professionnels. Démonstrations de savoir-faire, rencontres informelles et tables rondes d’experts permettent à l’ensemble de la famille patrimoniale de se retrouver, d’échanger et de préparer l’avenir. Pour sa 24e édition, ce salon international a rejoint l’initiative « 2018, Année européenne du patrimoine culturel », portée par l’UE.
Entretien avec Aude Tahon, présidente d’Ateliers d’art de France
Depuis 2016, Aude Tahon préside le syndicat professionnel des métiers d’art, l’organisateur du Salon international du patrimoine culturel.
Programme des réjouissances décrypté.
Atrium – Pourquoi avoir demandé la labellisation du salon comme événement « 2018, Année européenne du patrimoine culturel » ?
Aude Tahon – Le thème est venu assez naturellement : d’une part, nous accueillons chaque année entre 10 et 15 % d’exposants européens et, d’autre part, de nombreux exposants français contribuent à la restauration et à la valorisation du patrimoine à l’extérieur de nos frontières. Nous avons donc trouvé légitime et pertinent de demander notre labellisation officielle afin de promouvoir des enjeux dans lesquels nous nous reconnaissons : la promotion du patrimoine comme élément central de diversité culturelle, la valorisation des bonnes pratiques pour assurer conservation et valorisation et enfin l’encouragement du dialogue entre cultures, citoyens et pays européens à travers la reconnaissance d’un héritage culturel commun.
Quels sont les temps forts organisés pendant le salon autour de ce thème ?
Forts du succès de l’année dernière (près de 4 000 auditeurs réunis au cours de 40 conférences), nous proposerons pour cette édition un cycle d’échanges plus portés sur les problématiques et les enjeux du secteur, au niveau européen : la définition de cet héritage commun, les coopérations institutionnelles, ou encore les pratiques exemplaires. Nous aurons le plaisir de recevoir le ministère de la Culture français et son homologue luxembourgeois, mais également la Commission européenne et le Conseil de l’Europe. Cet engagement institutionnel signe l’importance de ce rendez-vous annuel et de la prise en considération des enjeux actuels du secteur. Professionnels, bénévoles, passionnés, partenaires culturels et institutions nationaux et européens célébreront ce thème pendant les quatre jours de manifestations. Ainsi, à travers la mise en valeur du patrimoine européen en 2018, le Salon international du patrimoine culturel est placé plus encore cette année sous le signe de l’ouverture, de l’innovation, de la diversité culturelle et du partage.
Quels sont les enjeux européens pour le secteur ?
Dans le contexte d’économie fragilisée, il y a de vrais enjeux, partagés avec nos homologues européens, à l’échelle des pratiques de la profession, de la reconnaissance du travail, notamment grâce à la labellisation. Les marchés ne sont plus seulement locaux, nos savoir-faire et notre expertise s’exportent et particulièrement auprès de nos voisins et partenaires directs. Nous ressentons tous aujourd’hui l’élargissement des questionnements : il ne s’agit plus seulement d’économie, de transmission des savoir-faire ou de législation (la réglementation liée aux matières premières qui pénalise nos ateliers, par exemple), nous sommes aussi à la croisée de la création, des pratiques touristiques et culturelles, de l’innovation technologique et des problématiques environnementales. Ce rendez-vous nous permet d’établir un état des lieux des enjeux du secteur, de tisser des collaborations et de faire remonter nos revendications communes plus efficacement.
À la rencontre des professionnels européens
Portraits d’exposants : création, savoir-faire et innovation
Van Ruysdael – Pays-Bas
Créateur de verre simple isolant, Van Ruysdael s’engage dès 1978 dans une réflexion sur l’isolation durable et conçoit des solutions techniques saines et innovantes, respectueuses du bâti ancien.
Rathscheck Schiefer – Allemagne
Fort d’une expérience acquise au cours des 200 dernières années, Rathscheck Schiefer est le premier producteur d’ardoises en Allemagne et l’un des plus grands distributeurs dans le monde. Son activité est entièrement consacrée à l’ardoise naturelle, matériau unique qui crée un lien entre tradition et modernité.
M. Moleiro – Espagne
Installée à Barcelone, cette prestigieuse maison d’édition est spécialisée dans la reproduction à l’identique de manuscrits et de cartes enluminées du Moyen Âge et de la Renaissance.
Atelier l’Artcanthe – Belgique
Ébéniste spécialisé dans la création de mobilier, Sébastien Monin réalise des aménagements intérieurs, des orgues de salon et restaure des antiquités.
Bianco Bianchi – Italie
Spécialiste de la technique d’incrustation italienne appelée « scagliola », l’atelier de mosaïques réalise des compositions originales et restaure les pièces anciennes.
Cupa Pizarras – Espagne
Leader mondial de la production d’ardoise naturelle, Cupa Pizarras propose des sélections d’exception destinées à la restauration des ouvrages anciens et des monuments historiques. Créé en 1892, le groupe exploite aujourd’hui 16 carrières en Espagne.