Situé à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, le phare de Cordouan est le plus ancien phare en mer encore en activité en France. Ce monument historique vieux de 400 ans, offert à la houle et aux embruns, souffre des conditions climatiques extrêmes. Il nécessite un entretien régulier pour conserver sa prestance et son intégrité. D’octobre 2015 à avril 2016, les tailleurs de pierre et maçons ont travaillé sur un quart du fût, dans la partie extérieure du soubassement Henri IV. Trois autres campagnes d’hiver seront nécessaires pour en faire le tour complet. Il est de nouveau ouvert à la visite.
Prouesse architecturale réalisée en pleine mer, premier phare à être classé Monument Historique en 1862, le phare de Cordouan guide le navigateur à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde depuis 1611. Unique phare en mer encore en activité et ouvert à la visite, il accueille chaque année quelques 20 000 curieux ou passionnés qui débarquent à marée basse depuis les côtes girondines ou charentaises-maritimes pour vivre l’aventure Cordouan. Sur le sol de marbre de l’appartement du Roi, les vitraux de la chapelle Notre-Dame de Cordouan ou la pierre usée des 301 marches menant à la lanterne, s’entrelacent la volonté des Rois de France, le génie des architectes et des ingénieurs, la passion des gardiens et le culte indéfectible des navigateurs à Cordouan. Grandiose et familière, la silhouette continue de protéger et d’éclairer les marins, nuit après nuit, tempête après tempête, avec son faisceau portant aujourd’hui à 19,5 milles marin soit un peu plus de 36km.
Le sel attaque la pierre et les joints, creusant, rongeant le phare de l’extérieur.
La pierre présente ainsi à Cordouan toutes les pathologies qui peuvent apparaitre sur des maçonneries en pierre de taille calcaire très exposées aux intempéries : forte érosion, joints creux favorisant les infiltrations, cassures. La maçonnerie est aussi affaiblie par des défauts de harpage (mauvaises liaisons entre les pierres), des réparations anciennes de mauvaise qualité. Les formes des sculptures et ornements – chapiteaux corinthiens, sculptures – disparaissent petit à petit. La face Ouest, la plus exposée à la houle, au vent et aux embruns n’est étonnamment pas la plus abîmée car la pierre y est lavée, rincée par l’eau de pluie, contrairement à d’autres flancs où le sel reste et attaque la pierre plus fortement.
Deux des quatre chambres des gardiens qui se situent dans la couronne annulaire, sont en cours de restauration, pour retrouver leur aspect et leurs ornements d’origine (parquets, lambris…), des prestations conservées dans les deux autres chambres. Une salle de bain a été ajoutée pour rendre plus confortable la vie sur le phare.
En démontant les pierres, les artisans ont mis à jour l’ancien système de canalisations qui récupérait des eaux de pluie à partir des terrasses du phare, et qui les conduisait dans les citernes, dans le sol. Les canalisations avaient été bouchées lors de campagnes de travaux précédentes et remplacées par des tuyaux extérieurs, peu esthétiques. Si les architectes se doutaient de l’existence de cet ancien système, ils ne s’imaginaient pas qu’il fonctionne encore. Les essais à l’eau colorée ont été concluants : le système conduit bien les eaux jusqu’aux citernes de la cave. Ces canalisations devraient donc être rapidement remises en service et permettre d’éliminer la tuyauterie extérieure.
Pour travailler au phare, pas d’autre moyen que d’y passer la semaine : les artisans et ouvriers arrivent le lundi et repartent le vendredi avec la relève des gardiens du phare. Ils partagent la vie des deux gardiens. Pour les héberger, des cabines de couchage individuelles ont été installées dans les appartements du roi et une ancienne « cellule » de gardien a été remise en service dans le vestibule du phare.