Le designer Mathieu Lehanneur a sublimé le bâtiment par un étonnant surgissement de marbre blanc qu’il imagine poétiquement, dit-il, « antérieur à la construction même de l’église. En écho à l’extrême attention portée aux énergies telluriques des pierres et des territoires dans l’édification des églises romanes, ce lieu de culte aurait été bâti sur cette zone spécifique pour l’énergie perceptible qui s’en dégage ». Le marbre blanc crée un bloc de minéralité homogène, formé de strates successives qui semblent rappeler les sédiments du sous-sol. Le mobilier liturgique (autel et ambon) sont fabriqués en albâtre de couleur ambre, proche de la couleur de la pierre originelle de l’édifice. L’imbrication entre l’église et cette masse minérale est complétée par le baptistère creusé à même la matière. L’eau qu’il accueille semble être celle de la rivière qui coule en contrebas du bâtiment.
Un ancrage symbolique dans le terroir
Ce jeu entre construction antérieure ou postérieure permet de générer un relief qui pose une hiérarchie naturelle entre le célébrant et les fidèles. Il utilise alors simplement la topologie du lieu pour mieux se faire entendre. On obtient donc une architecture organique qui n’est pourtant pas en rupture avec les codes liturgiques, et dissimule des invariants symboliques comme le baptistère à huit côtés, ou l’autel bâti à la croisée du transept. Ainsi, l’église donne le sentiment d’être blottie dans son territoire. Ce n’est pas un simple bâtiment posé sur le sol, elle fait corps avec la région elle-même et se révèle au visiteur en descendant. L’idée centrale du projet était donc d’accentuer cette sensation de découverte progressive et dancrage terrestre. Les travaux ont été réalisés avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, du conseil régional Poitou-Charentes, de la municipalité de Melle et de généreux mécènes.