Les récents sinistres survenus à Notre-Dame de Paris ou à la cathédrale de Nantes ont démontré l’importance qu’il fallait attacher à l’anticipation en matière de préservation patrimoniale. Les bibliothèques – Bibliothèque nationale de France, bibliothèques des collectivités territoriales, bibliothèques universitaires et des grands établissements scientifiques et littéraires – conservent un patrimoine écrit et graphique de 70 millions de documents anciens, rares ou précieux dispersés dans environ 600 établissements. Les ministères ont souhaité disposer d’une étude de l’inspection générale offrant une vision de l’avancement du chantier d’élaboration et de mise en oeuvre de plans d’urgence dans les bibliothèques patrimoniales françaises.
L’enquête a mis en évidence le degré d’impréparation élevé face aux risques de perte irrémédiable de documents uniques ou exceptionnels. 80 % des bibliothèques patrimoniales françaises ne sont pas encore dotées d’un plan d’urgence en dépit d’avancées et d’efforts notables (publication récente de la norme NF ISO 21110 – Préparation et réponse à l’urgence, formation, dispositifs de soutien financiers). Le constat que fait la mission est que les problématiques sont similaires, que ce soit en bibliothèque territoriale ou en bibliothèque universitaire. Les institutions sont majoritairement conscientes du problème mais peinent à élaborer leur plan d’urgence. Un ensemble de facteurs internes ou
externes – manque de temps, de compétences, absence de méthodologie, complexité du bâti, contacts difficiles à établir avec les partenaires extérieurs et les services de secours – freinent l’élaboration de plans d’urgence véritablement opérationnels.
La mission a émis dix-sept recommandations. La première urgence est de coordonner l’action au plan national et de la décliner en régions de façon transverse, en associant les bibliothèques d’un même territoire. La proposition peut être élargie aux autres institutions patrimoniales proches, en particulier les archives, dont les questionnements et les objets conservés sont très similaires à ceux des bibliothèques.
L’objectif d’un plan d’urgence dans chaque bibliothèque patrimoniale doit devenir une priorité. Au plan réglementaire, une directive nationale d’orientation (DNO) permettra de fixer un cadre stratégique autour de l’obligation faite à chaque bibliothèque conservant du patrimoine de disposer d’un plan d’urgence. Il sera demandé aux préfets d’intégrer les fonds patrimoniaux des bibliothèques dans les mesures spécifiques de prévention contre le risque incendie visant le patrimoine culturel du département.