La péninsule de Rame se situe au sud-est des Cornouailles, en face de Plymouth. Il s’agit d’un site où l’environnement préservé est tout à fait remarquable, ce qui lui a valu d’être classé AONB (Area of Outstanding Natural Beauty). C’est le comte Ordulf, oncle du roi Aethelred, qui fit don de Rame à l’abbaye de Tavistock en 981. L’église que nous présentons ici est dédiée à saint Germain, un évêque allemand qui vint restituer les valeurs de la foi chrétienne en Angleterre vers l’an 400, en combattant le pélagianisme, une doctrine hérétique propagée par un moine breton, Pélage, qui contestait le péché originel et exaltait le libre arbitre. À la place de l’édifice actuel, qui date du 13e siècle et fut consacré par l’évêque Walter de Bronescombe le 15 octobre 1259, se trouvait originellement une première église dont la construction remontait à la conquête normande. Des transformations eurent ensuite lieu au 15e et au 16e siècles. Des premières restaurations ont été entreprises plus tard, en 1848 puis en 1886.
Le projet de restauration
Les restaurations actuelles de la toiture ont été placées sous la responsabilité du cabinet d’architecture Le Page Architects, qui regroupe Amanda Le Page, Simon Crosbie et Damon Pearce. Cette équipe est rompue aux chantiers patrimoniaux, membre du RIBA (Royal Institute of British Architects), ayant restauré des bâtiments historiques aussi divers que Knightshayes Court ou le château de Lulworth. La structure du toit de l’église Saint-Germans présentait des désordres, des ardoises chutaient, l’intérieur de l’édifice était menacé. Il fallait réagir. Le choix architectural a consisté d’abord à déposer les ardoises originelles, en provenance de la fameuse carrière de Delabole, tout en prenant soin de sauvegarder toutes celles qui pourraient être réutilisées. Le village de Delabole, situé dans le comté de Padstow, est célèbre pour sa carrière d’ardoise historique, profonde de plus de 150 m, où fut exploité pendant plus de 600 ans un matériau de première qualité. Ensuite, il a fallu réaliser les réparations nécessaires sur la structure de la charpente elle-même, puis mettre en oeuvre un écran de sous-toiture.
Le choix de la sous-toiture
Pour cet écran de sous-toiture, les architectes ont opté pour le système fabriqué par DuPont Tyvek. Simon Crosbie commente : « En raison du faible niveau du parapet d’origine sur lequel venait buter le toit en ardoise, un couronnement en granit a dû être mis en place. Et, bien sûr, l’écran de sous-toiture a été placé derrière. Pendant que les ardoises Delabole étaient triées dans le but de réutiliser celles qui pouvaient l’être, avoir un écran de sous-toiture fiable était une nécessité absolue. Celui-ci forme en effet une deuxième ligne de défense en cas d’intempéries. » L’écran de sous-toiture est essentiel pour protéger l’église contre les intempéries pendant le chantier et encore plus si des ardoises venaient à manquer ainsi que pour permettre la bonne évaporation de l’humidité et de la condensation interstitielle. Unique en raison de sa construction monocouche de haute qualité, DuPont Tyvek est naturellement étanche à l’eau tout en étant perméable à sa vapeur. Cela est dû à sa structure : des millions de microfibres enchevêtrées formant un labyrinthe imperméable à l’humidité, mais perméable à la vapeur d’eau à travers les pores naturels de sa structure. Cet écran est résistant aux UV, à l’usure et aux expositions thermiques élevées durant toute la vie de la toiture. Les travaux ont été réalisés selon les techniques traditionnelles par l’entreprise Western Counties Roofing. S. V.