Depuis 2013, la petite commune de Jort dans le Calvados, connue depuis le XVIIIe siècle pour avoir été le siège d’une importante agglomération antique, est le cadre d’une série d’opérations d’archéologie préventive, au rythme de son aménagement pavillonnaire. Les décapages cumulés atteignent aujourd’hui quelque 8 000 m2 soit environ 60 % des surfaces diagnostiquées. De nombreux vestiges d’habitat ont été mis au jour, de la fin de l’âge du Fer à la fin du Moyen âge. Ils se doublent pour l’époque gauloise d’une nécropole d’enfants localisée à l’entrée sud du village. Découvert en 2013, ce site funéraire exceptionnel a concerné deux autres interventions. De 2013 à 2017, 104 sépultures datées de la fin de l’âge du Fer au début de l’époque romaine ont été découvertes. S’y ajoute une trentaine de fosses vides d’ossements dont la forme évoque néanmoins une fonction sépulcrale. Malgré leur densité, les inhumations sont toutes primaires et individuelles : les corps ont été déposés directement la tombe pour y être inhumés. La rareté des recoupements indique un espace funéraire bien géré, les tombes devaient être signalées en surface, notamment par des dalles en calcaire. Les sépultures contiennent essentiellement des squelettes d’enfants décédés soit en période périnatale, soit dans leur première enfance. L’étude biologique en cours, en collaboration avec le laboratoire d’anthropologie du Craham (Université de Caen), permettra à terme d’estimer leur âge et d’étudier leur état sanitaire, pour notamment identifier d’éventuelles pathologies carentielles ou dentaires. Le nombre important de ces sépultures de jeunes préadolescents, ainsi que leur datation entre la fin de l’âge du Fer (La Tène D1-D2) et le tout début de l’époque gallo-romaine, confirment le caractère exceptionnel cette nécropole dont les limites ne sont pas encore connues à ce jour.
Source : Inrap
Photo : Sépulture 169B, vue d’ensemble du squelette, logé dans la paroi en sape. © R. Lefebvre, Inrap