Un phénomène aux conséquences potentiellement sérieuses
Dans l’habitat ancien (comme dans tout bâtiment de type patrimonial, de la petite construction simple au grand monumental), l’un des problèmes les plus fréquemment rencontrés concerne l’humidité dans les murs, essentiellement à cause du phénomène des remontées capillaires. L’eau sintroduit dans la structure même du mur et peut remonter jusqu’à environ 1 m 50, créant des désordres pouvant rendre le lieu inutilisable : apparition de salpêtre, d’efflorescences, décollement des revêtements, formation de taches et de moisissures, dégradation de la structure même du mur surtout en cas de non-homogénéité des matériaux, etc. Il est intéressant de noter que même les matériaux apparemment les moins poreux peuvent être malgré tout lobjet dun tel phénomène.
Les causes et le diagnostic
Les causes peuvent être multiples : maison construite dans une cuvette de terrain, matériaux constitutifs des murs trop hétérogènes ou poreux, particularités des fondations ou des sols, etc. Dans tous les cas, seul un diagnostic sérieux effectué par des professionnels dignes de ce nom pourra évaluer l’étendue de la dispersion aqueuse dans les murs, son importance, les raisons du phénomène, et les solutions les plus appropriées pour en combattre les effets. Les maîtres d’ouvrage seront bien inspirés de ne pas se contenter d’affirmations péremptoires : une entreprise compétente doit pouvoir montrer des références probantes, vérifiables, et accepter que ses prétentions soient examinées avec soin. Les effets des remontées capillaires sont certes visibles à l’air libre, mais leurs causes proviennent des parties souterraines des bâtiments : afin d’éviter l’apparition de désordres encore plus graves, il est indispensable d’accorder la plus grande attention aux choix et aux qualifications des intervenants. Un diagnostic pertinent doit prendre en compte l’extérieur du bâtiment afin d’y observer la structure, les enduits, et si des interventions anti-humidité ont déjà été préalablement effectuées. Il faut ensuite examiner en détail l’intérieur, et cela pièce après pièce. Enfin, à l’aide d’instruments scientifiques, il faut réaliser des mesures précises du taux d’humidité normal des matériaux dans les zones sèches, puis à une quinzaine de centimètres de profondeur par sondage. Le taux d’humidité de l’air intérieur et extérieur sera également mesuré.
Les barrières physiques
Plusieurs techniques de lutte contre les remontées capillaires consistent à matérialiser une barrière physique dans le mur, afin de mettre un terme au mouvement ascendant des molécules d’eau.
Le cuvelage :
Il s’agit d’appliquer sur la base de la construction, après dégagement, un produit interdisant à l’eau d’atteindre le mur, par exemple un mortier spécial en résine hydrofuge.
Les injections :
Des forages sont réalisés dans l’épaisseur du mur. On y injecte ensuite des résines. Certaines sont des micro-émulsions silicones concentrées qui, en réagissant avec l’eau, se transforment en polysiloxanes hydrophobes. Il faut que le produit soit capable de s’introduire dans les capillaires les plus fins et de les boucher définitivement.
La section :
Dans ce cas, on sectionne carrément l’ensemble du mur dans le sens horizontal, et l’on insère dans la plaie ainsi réalisée une feuille de métal (plomb). Cette technique, qui nécesite une intervention lourde, est plutôt rare.
Autres techniques physiques :
Dans certains cas, on met en œuvre la technique du drain, après dégagement du mur, notamment dans les terrains très humides, voire spongieux. C’est un choix qui doit être bien étudié et mûrement réfléchi, pour éviter de futures déconvenues. Il est également possible de ventiler le mur en y pratiquant des percées régulières dans lesquelles on introduit un conduit d’aération en matière poreuse (terre cuite).
Les barrières électriques
Ces méthodes présentent l’avantage d’être non invasives, donc de ne pas dégrader les murs par des interventions lourdes. De plus, bien qu’elles soient apparemment peu spectaculaires, elles ont permis d’obtenir des résultats parfaitement satisfaisants dans d’innombrables cas, même sur des bâtiments d’une superficie extrêmement importante.
Le principe :
Il s’agit d’activer la différence de potentialité électrique entre le sol et les murs, en prenant donc en compte la réalité des champs électromagnétiques naturels.
L’installation :
L’opération s’effectue soit par la pose (insertion) d’un boîtier d’assèchement contenant un système d’activation des champs électromagnétiques, fonctionnant seul, sans alimentation extérieure, soit par la mise en œuvre d’un module de gestion d’assèchement avec sondes murales : l’électrode positive est fichée dans le mur, et l’électrode négative dans le sol. Un contrechamp électromagnétique est créé par l’envoi de signaux au réseau capillaire, dont la polarité s’inverse. Non seulement l’eau ne remonte plus et se stabilise, mais encore elle redescend, asséchant ainsi naturellement les murs de façon progressive et définitive. Bien entendu, l’opération ne se déroule pas du jour au lendemain, et il faut plusieurs mois pour que le processus montre son efficacité. Des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre responsables de nombreux sites historiques ont fait appel à cette solution, avec grand succès.