Le patrimoine culturel immatériel (PCI), ou « patrimoine vivant », désigne les pratiques sociales et culturelles transmises de génération en génération au sein d’une communauté, telles que les savoir-faire artisanaux, les musiques et danses, les fêtes et carnavals, les savoir-faire culinaires, ainsi que les jeux et sports traditionnels, et les connaissances liées à la nature. Lundi 25 novembre 2024 les certificats d’inclusion à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel ont été remis à chaque communauté patrimoniale représentante d’une pratique culturelle. Parmi elles, l’irrigation traditionnelle gravitaire par canaux. Une pratique ancestrale à préserver plus que jamais au moment où les ressources en eau et la biodiversité diminuent.
L’irrigation traditionnelle gravitaire par canaux est un système d’irrigation qui repose sur un important maillage de canaux principalement à ciel ouvert et creusés dans la terre, permettant à l’eau de circuler par gravité en vue d’être partagée, afin d’arroser une superficie souhaitée et répondre aux différents besoins des utilisateurs du réseau. La pratique, rigoureusement réglementée, s’étend du printemps au début de l’automne, le canal est donc généralement à sec pendant l’hiver. En France, l’irrigation traditionnelle s’est développée depuis le Moyen Âge, principalement dans les territoires montagneux des régions méditerranéennes mais aussi en plaine : les Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Isère, Pyrénées- Orientales, Corse, Alpes-Maritimes, Ardèche, Bouches-du-Rhône, Cévennes, Drôme, Gard, Hérault, Aveyron, Lozère, Savoie, Vaucluse sont les principaux départements concernés. Cette pratique, qui nécessite une gestion collective à l’échelle locale, est portée par des groupes sociaux composés d’agriculteurs et de particuliers, dont l’organisation s’est formalisée au fil des siècles. Aujourd’hui, les communautés sont toujours constituées à échelle locale mais aussi à l’échelle nationale autour de l’irrigation traditionnelle, réunissant des acteurs divers qui œuvrent à travers de nombreuses actions au maintien de cette pratique multiséculaire de plus en plus menacée. En effet, le manque de moyens (humains, financiers, techniques) pour entretenir les canaux, les restrictions d’eau et la complexité des réglementations, ou encore le changement climatique et le développement d’autres méthodes d’irrigation sont autant de risques pour la conservation de la pratique. Or l’importance historique, la transmission des savoir-faire, la dimension identitaire forte et les externalités positives de la pratique (notamment vis-à-vis des objectifs de développement durable) en font un patrimoine national qu’il convient de sauvegarder.
Lors du Salon du Patrimoine culturel, bati-journal TV avaient interrogé Aurelie Condevaux et Francesca Cominelli, maîtresses de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Thierry Ruf, directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à ce propos.