L’équipe scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc vient d’établir la toute première modélisation chronologique des périodes de fréquentations humaines et animales de la grotte exprimées en âges calendaires. Plus de 350 datations ont été obtenues, à partir de différentes méthodes d’analyses : carbone 14, déséquilibre dans la famille de l’uranium U/Th, thermoluminescence ou encore datation cosmogénique par le 36Cl… Chacune de ces approches a permis d’étudier des échantillons de natures différentes, et de déterminer leur âge sur plusieurs périodes, de façon à placer dans une même échelle de temps l’activité des hommes, des ours et l’évolution géomorphologique et le paléo-environnement de la cavité .

Historique de l'occupation de la grotte Chauvet reconstituéHistorique de l’occupation de la grotte Chauvet reconstitué

La modélisation chronologique proposée intègre ce jeu unique de datations et utilise les données archéologiques et paléoenvironnementales pour restituer, pour la première fois, l’histoire complète de la grotte Chauvet-Pont d’Arc. Elle montre que par deux fois l’homme fréquenta la cavité, il y a 37 000 ans (pendant 3 500 ans), puis il y a 31 000 ans (pendant 3 000 ans). L’ours y trouva également refuge, jusqu’à il y a 33 000 ans. Ces découvertes soulèvent la question de l’impact d’événements géologiques tels des éboulements de parois à l’entrée de la grotte potentiellement survenus il y a 33 000 ans, sur la présence humaine et animale. Surtout, elle fournit l’argument décisif montrant que l’art pariétal y a été réalisé il y a plus de 28 000 ans, et ouvre la voie à une exploration extensive de cet art si remarquable.

Cette modélisation chronologique a eu le soutien du Ministère de la culture et de la communication et des organismes de recherche français, et le financement d’un Programme national de recherche sur la connaissance et la conservation des matériaux du Patrimoine culturel (PNRCC-MCC). Afin de replacer la grotte Chauvet-Pont d’Arc dans le temps, plusieurs programmes internationaux d’intercomparaison – consistant à distribuer des fragments d’un même charbon dans différents laboratoires de datation 14C – ont été menés, auxquels plus d’une dizaine de laboratoires dans le monde a participé (Europe, Etats-Unis, Nouvelle Zélande).
Référence : ​“A high-precision chronological model for the decorated Upper Paleolithic cave of Chauvet-Pont d’Arc, Ardèche, France“, Anita Quiles et. al., PNAS, Avril 2016, doi/10.1073/pnas.1523158113

Photo du panneau des rennes de la grotte Chauvet-Pont d’arc, daté au carbone 14. © Jean-Michel Geneste, Ministère de la culture

Source : CEA