Le Muséum national d’histoire naturelle a été fondé en 1793 par la Convention, c’est aujourd’hui un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Etablissement multiforme avec une activité muséale, c’est aussi un centre de recherche, un service d’expertise pour les pouvoirs publics et un lieu de formation en master et en doctorat. Il dispose de collections exceptionnelles, comprenant plus de 66 millions de biens à son inventaire, dont 43 millions d’insectes. Il gère également trois zoos, plusieurs musées et jardins botaniques. La réouverture du zoo de Vincennes en avril 2014 et du musée de l’Homme en octobre 2015 ont entrainé une augmentation des dépenses de fonctionnement, passées de 63,3 M€ à 88,5 M€, et une baisse des dépenses d’investissement de 36,6 M€ à 25,6 M€. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a pointé une situation financière alarmante et invite l’établissement a engager des mesures de redressement.
Le PPP pour la rénovation du zoo de Vincennes plombe les comptes
La rénovation du zoo de Vincennes a pris la forme d’un partenariat public-privé. Depuis la livraison des installations et pendant 25 ans, le Muséum doit verser chaque année une redevance. Pour les années 2017 à 2020, le coût annuel global du zoo de Vincennes pour le Muséum est estimé à 20 M€ : 6,8 M€ au titre des dépenses de fonctionnement du zoo et 13,2 M€ au titre de la redevance. Or les recettes de fonctionnement du zoo, établies sur la base de la fréquentation de l’année 2015, ne s’élèvent qu’à 12,6 M€. Le zoo de Vincennes représenterait ainsi un déficit structurel majeur pour l’établissement, de l’ordre de 7,4 M€ par an. L’Etat a versé fin 2015 une subvention exceptionnelle de 9 M€. La Cour a étudié différents scénarios relatifs au PPP : résiliation anticipée du contrat, restructuration ou remboursement anticipé de la dette, renégociation du taux de rentabilité interne actionnaire du partenaire, etc. Ils paraissent complexes à mettre en œuvre, sans garantir une réduction du coût total de l’opération. Elle invite le Muséum à engager des efforts importants pour développer l’attractivité du zoo et se rapprocher des objectifs initiaux.
Les travaux du musée de l’Homme ont provoqué une explosion des coûts
Après avoir constaté que le programme muséographique était trop large, une organisation spécifique a été mise en place en 2011 pour redéfinir complètement le projet scientifique et culturel, ce qui a entraîné la reprise des études de muséographie. En outre, la phase d’études techniques n’a pas permis de détecter les problèmes que présentait l’aile Passy du Palais de Chaillot. En effet, les études initiales s’étaient fondées sur le retour d’expérience des travaux de la Cité de l’architecture et du patrimoine (CAPA), située dans l’autre aile du palais. Il est apparu par la suite que les méthodes de construction de ces deux bâtiments étaient bien différentes. La phase de curage des locaux réalisée en 2010 a mis au jour des pathologies sur les structures en béton armé datant de 1937 : les planchers ne pouvaient pas respecter la charge règlementaire. La découverte de ces désordres dans la structure du bâtiment a entraîné un arrêt des travaux, avec un retard global évalué à un an, et une remise à plat du projet, autant dans ses aspects architecturaux que scientifiques et culturels. Des axes de réduction des coûts ont été recherchés afin de limiter l’impact des problèmes de structure.
Un patrimoine trop volumineux
Le Muséum gère un patrimoine très important et complexe : bâtiments anciens et protégés au titre des monuments historiques, bâtiments accueillant du public, laboratoires de recherche. En 2014, son patrimoine foncier représentait une surface cadastrale de près de 700 ha sur plus d’une vingtaine de sites à travers la France, et une surface hors œuvre nette (SHON) de 204 000 m2. Ce patrimoine n’a été ni entretenu, ni rationnellement géré pendant des décennies, ce qui a entraîné une dégradation importante de nombreux bâtiments. Le Muséum souhaite aujourd’hui lancer deux opérations d’ampleur : la rénovation complète de la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée, pour un coût total estimé à 70 M€, et la construction de bâtiments de réserve sur l’« îlot Poliveau » au cœur du Vème arrondissement de Paris, prologue à un réaménagement plus vaste de cet îlot, pour un coût de l’ordre de 30 M€. Pour la Cour des comptes, le Muséum doit procéder à une revue de ses sites et envisager des cessions ou des fermetures au public, dès lors que le coût de fonctionnement n’est pas en rapport avec son intérêt scientifique et culturel et avec sa fréquentation. Le Muséum doit céder des sites secondaires et en valorisant mieux son foncier disponible.
Source : Cours des comptes