La restauration de Notre-Dame de Paris, suite à l’incendie, réclame des pierres neuves, compatibles avec le monument, dans des quantités importantes par rapport à ce qu’entraînent les travaux ordinaires d’entretien et de restauration des monuments historiques. Pour répondre à ce besoin, l’établissement public et le BRGM ont défini un programme de recherche et développement portant sur l’identification, la caractérisation et la sélection de nouvelles pierres esthétiquement et physiquement compatibles avec les pierres endommagées. Ce programme débouchera sur un guide méthodologique de référence applicable à la cathédrale mais aussi à d’autres édifices de la région parisienne. La méthodologie de recherche prévoit notamment des investigations géologiques en carrières et des essais en laboratoire sur échantillons de pierres. Lancé en juillet 2020, le programme fait intervenir des géologues, des sédimentologues, des géomaticiens et des techniciens de laboratoire du BRGM. Il associe le Laboratoire de recherches des monuments historiques (LRMH) du ministère de la Culture pour sa connaissance approfondie des pierres de la cathédrale.
Les pierres d’origine ont été initialement extraites du sous-sol de Paris. Il s’agit de roches calcaires d’âge lutétien, une couche géologique qui s’est formée il y a 41 à 48 millions d’années. De tels terrains affleurent en de nombreux secteurs du « bassin parisien » – plus grand des trois bassins sédimentaires français, qui couvre la majorité de la moitié Nord de la France avec une superficie de 110 000 km2 environ – et se trouvent encore exploités aujourd’hui pour la fourniture de pierres de construction dans une dizaine de carrières au nord de Paris, dans les départements de l’Oise et de l’Aisne. Ces calcaires lutétiens sont le fruit d’un processus complexe de sédimentation, que le programme signé entre l’établissement public et le BRGM prévoit d’étudier afin d’identifier les caractéristiques de pierres adaptées à la restauration de la cathédrale. Prévu pour s’achever mi-2021, ce programme d’études s’intéressera en priorité aux carrières en activité, puis aux gisements non exploités susceptibles si nécessaire de fournir au chantier les pierres compatibles avec celles de l’édifice.
Photo : Front de taille d’une carrière extrayant de la pierre calcaire. © BRGM – S.Andrieu