Les fouilles préventives réalisées sur prescription de l’Etat par une équipe d’archéologues de l’Inrap sur le parc Saint-Georges avaient mis au jour, en 2003, 16 bateaux dont un chaland datant du deuxième siècle de notre ère. Destiné au musée gallo-romain de Lyon Fourvière, il a subi une restauration complète pilotée par un archéologue de l’Inrap et une restauratrice d’Arc-Nucléart.
L’épave comportait de très nombreux clous métalliques, à l’origine de la formation de pyrite, un sulfure de fer qui sous l’effet de l’humidité produit de l’acide sulfurique susceptible de ronger le bois. Un traitement différencié des parties en bois et des parties métalliques a donc été entamé. Le démontage complet du bateau (près de 1000 pièces individuelles) a été entrepris, avec au préalable un étiquetage précis. Les différents éléments constitutifs ont pu être examinés pour comprendre la mise en œuvre et l’entretien du bateau. Des archéo-dendrochronologues ont pu identifier et dater les essences de bois, des tracéologues ont étudié les traces laissées par les outils lors de sa fabrication. 2100 clous ont été retirés.
Pour le traitement des bois, Arc-Nucléart a mis en œuvre deux techniques que ses équipes sont les seules au monde à maîtriser à cette échelle : les pièces ont été profondément imprégnées par une résine de polyéthylène glycol (PEG). Ce traitement d’une durée d’un an permet de remplacer en partie l’eau contenue dans les fibres de bois par le PEG avant un séchage par lyophilisation. Une partie du bateau, très abimée, a été imprégnée d’une autre résine (styrène polyester), puis soumise à un rayonnement gamma. Sous l’effet de ces rayonnements ionisants, la résine a polymérisé, durcissant ainsi la pièce de bois. Celle-ci, alors suffisamment consolidée, a pu être à nouveau assemblée aux autres pièces du bateau.
Après la validation de son montage par un comité scientifique, le 20 septembre 2016, l’épave restaurée sera de nouveau démontée et conservée en atmosphère contrôlée, avec un support conçu spécifiquement. Le chaland, baptisé « Lyon Saint Georges 4 », sera par la suite transporté puis remonté, dans une salle climatisée du Musée gallo-romain de Lyon Fourvière, où il sera exposé aux visiteurs et aux chercheurs.
Source et photo : Inrap