En été, les passoires énergétiques se transforment en véritables bouilloires. Or, la précarité énergétique est encore largement associée au ressenti du froid dans son logement, et trop peu à l’inhabitabilité liée aux pics de chaleur. En effet, la définition de la précarité énergétique inclut des indicateurs liés au taux d’effort énergétique et au ressenti du froid, mais ne tient pas compte pour le moment des difficultés à maintenir une température acceptable dans son logement pendant les périodes de chaleur. Pourtant, de plus en plus de personnes sont exposées à la précarité énergétique en été, un phénomène accentué par le changement climatique et les vagues de chaleur extrêmes de plus en plus fréquentes, avec des effets parfois dramatiques sur la santé. Pour elles, l’enjeu n’est pas simplement le « confort d’été », mais l’habitabilité même de leurs logements plusieurs mois par an. La précarité énergétique d’été est un enjeu de santé publique, comme ont pu le démontrer les canicules meurtrières de 2003, et plus récemment de 2022. Près de 15 000 décès en excès seraient imputables à la chaleur en France en 2003, qui a particulièrement touché les personnes âgées de plus de 75 ans. L’été 2022 a quant à lui été le plus meurtrier depuis 2003, avec un excès de mortalité de plus de 2 800 personnes lors des canicules, soit 16,7 % de plus par rapport aux cinq années précédentes. Si on prend en compte l’ensemble de la période estivale (du 1er juin à la mi-août), l’INSEE estime même à 11 000 le nombre de décès supplémentaires en France métropolitaine, toutes causes confondues. Cela démontre que même en dessous des seuils de canicule, il existe des risques sani- taires liés à l’excès de chaleur. Notre parc de logements n’est pas non plus conçu pour faire face à la multiplication des vagues de chaleur. Les 5,2 millions de passoires thermiques impossible à chauffer en hiver se transforment en bouilloires énergétiques impossibles à refroidir en été. Les raisons sont similaires. Des isolations peu performantes, des expositions ne répondant pas aux principes de l’architecture bioclimatique, l’absence de protections solaires ou de simples volets peuvent participer à rendre certains logements quasi inhabitables pendant la période estivale. Dans certains cas, la protection du patrimoine ou les règlements de copropriété empêchent même l’installation de volets ou de protections solaires en façade. Pourtant, les protections solaires sont l’une des meilleures solutions pour réduire la précarité énergétique en été, sans avoir d’impact sur la consommation d’énergie d’un bâtiment et donc sans émission de gaz à effet de serre. Selon le type de protection solaire utilisé, il est possible de réduire la température intérieure de 2 à 5 °C.

 

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