La Fédération des promoteurs immobiliers et l’Union des maisons françaises font état, dans un communiqué commun, de la mauvaise situation du logement en 2011 et de ses perspectives d’avenir.
« L’analyse du marché du logement neuf, qui constitue un indicateur avancé de la situation prochaine du logement en France, permet de prédire une aggravation de la crise du logement, y compris social, et une détérioration de l’activité économique liée au bâtiment ». Tels sont les propos de Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Une baisse générale
Dans la continuité de l’année 2011, les ventes de logements collectifs au cours du premier trimestre 2012 (12 757 logements) sont en baisse de 25 % par rapport au premier trimestre 2011, et de 39 % par rapport au premier trimestre 2010. Cette baisse est générale et commune à tous les marchés ; elle est cependant plus marquée dans les marchés peu tendus (zones B2) que dans les zones tendues. Selon la FPI et l’UMF, l’aggravation de la baisse des ventes est due à la réduction drastique des dispositifs de soutien tant à l’investissement locatif qu’à l’accession à la propriété (dispositif Scellier notamment). Autre raison invoquée : le durcissement des conditions d’octroi de crédits par les banques depuis l’été 2011.
Cette tendance à la baisse se manifeste également, quoique de façon moins marquée, pour les ventes de maisons individuelles ; elles enregistrent une baisse de 17 % au cours du premier trimestre 2012 (31 834 ventes) par rapport au premier trimestre 2011 et de 32 % par rapport au premier trimestre 2010. La baisse se manifeste dans toutes les zones géographiques, même si elle est particulièrement marquée dans l’Ouest et en Languedoc-Roussillon. Là encore, le durcissement des conditions d’octroi de crédit par les banques et la faiblesse de l’accession à la propriété, en raison notamment de la reconfiguration du prêt à taux zéro qui pénalise les revenus modestes (PTZ), joueraient un rôle essentiel dans la baisse des ventes.
Des perspectives incertaines
S’agissant des logements collectifs, les évolutions constatées depuis le début de l’année font craindre, à environnement inchangé, un volume de ventes compris entre 75 000 et 80 000 logements en 2012, soit un niveau équivalent à celui de l’année 2008 qui avait déclenché le plan de relance. De même, les deux syndicats redoutent que de nombreux programmes, dont les permis de construire sont pourtant obtenus, ne voient pas le jour ; l’évolution défavorable des mises en vente au premier trimestre (- 21 %) constitue un signe non équivoque.
De plus et surtout, la fourchette de 75 à 80 000 logements vendus repose sur une hypothèse forte de conditions de marché et, en particulier, le maintien des dispositions en faveur de l’investissement locatif jusqu’en fin 2012 et des conditions de crédit actuelles. « Une décision politique hâtive réduirait encore cette fourchette, pourtant historiquement basse, » déclare-t-on au FPI et à l’UMF. Selon ces instances, une raréfaction du crédit, voire une forte hausse des taux suite à des tensions sur les marchés obligataires, achèverait d’aggraver la crise du logement, de conduire à la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans le bâtiment et de déprimer l’activité économique dans son ensemble.
S’agissant des maisons individuelles, l’année 2012 s’annonce particulièrement difficile avec un volume de ventes de 120 à 130 000 maisons, encore en dessous du niveau atteint lors de la crise 2008/2009. L’inquiétude de l’Union des maisons françaises est issue d’une analyse qui montre que la crise actuelle a des racines plus structurelles avec une réelle difficulté de solvabilité des accédants modestes.
La FPI et l’UMF, qui représentent 70 % de la construction neuve de logements et 57 milliards de chiffres d’affaires, rappellent qu’avec l’ensemble des acteurs de la construction de logements et la Fondation Abbé Pierre, elles ont présenté le 5 avril dernier, une analyse et des propositions communes, et appelé à des Assises du Logement avec le prochain gouvernement pour apporter une solution globale à la crise du logement. A cette fin, les fédérations, organismes et associations rassemblées appellent de leurs voeux la nomination d’un ministre de plein exercice, en charge du Logement et de l’Aménagement du Territoire.