L’extraordinaire château de Neuschwanstein est doté cette année dun nouvel équipement technique déclairage des salles intérieures. Une solution qui permet
de mettre en valeur des uvres dart remarquables sans les agresser, dans un souci
de cohérence avec les volumes architecturaux.
Le château de Neuschwanstein, en Bavière, fut ouvert au public sept semaines à peine après la mort de son créateur, le roi Ludwig II.
Cest dire quil na jamais vu son rêve totalement achevé même sil y vécut tout de même, à létage supérieur, à partir de 1873 , un rêve quil navait conçu que pour lui seul… et qui reçoit aujourdhui 1,3 million de visiteurs par an. Cest lun des sites historiques les plus connus dEurope.
Un style médiéval reconstitué avec modernité
Dès lété 1868, les travaux commencèrent ; il fallut déblayer des tonnes de roches pour asseoir les
fondations, et construire une route autorisant
laccès à ce nid daigle. Le souverain étant très attentif aux nouvelles possibilités offertes par les matériaux et techniques modernes, les fondations furent cimentées, et les murs, que lon croirait en pierre de taille comme au Moyen Âge, sont en fait réalisés en briques recouvertes dun parement de calcaire. Lédifice est équipé dun chauffage central à air chaud, deau courante, de toilettes à chasses deau automatiques, et même dinterphones électriques. La fameuse salle du trône est ceinte dune structure en acier. Les salles de prestige décorées duvres dart exceptionnelles, notamment les immenses peintures murales représentant les légendes médiévales qui furent à lorigine des opéras de Wagner, sont, depuis cette année, éclairées par le fabricant Zumtobel, dont les luminaires à LED diffusent une lumière efficace et, surtout, sans danger pour la pérennité des peintures et des objets.
Satisfaction des responsables du patrimoine
Maître douvrage du chantier, organisme en charge de ce grand site historique, la Bayerische Schlösserverwaltung sexprime par la voix de son responsable du département construction, Heiko Oehme : « Les luminaires à LED sont remarquables pour nos salles historiques avec leur mobilier, leurs textiles et leurs peintures extrêmement fragiles. Ils ne font pas passer les couleurs des objets précieux exposés et permettent une mise en valeur idéale de lespace grâce à leur lumière brillante. La possibilité de choisir la température de couleur de la lumière, entre le blanc chaud à 3000° Kelvin et le blanc froid à 6500°Kelvin, permet de souligner les détails dans toute leur finesse. » Quen est-il exactement ?
Une réponse adaptée aux contraintes du site
Cet éclairage a séduit les architectes et les conservateurs pour deux raisons essentielles : dabord, les dimensions des matériels sont très réduites. En effet, le cahier des charges stipulait quil était impératif soit dutiliser les points de fixation déjà existants, soit de travailler avec des dispositifs de raccordement qui naltéraient en rien la structure des matériaux anciens, et, pour ne pas perturber lémotion des visiteurs pénétrant dans ces salles historiques remarquables, il fallait absolument minimiser les sources déclairage visibles. Ensuite, les solutions Zumtobel mises en uvre à
Neuschwanstein résolvent lun des problèmes majeurs auxquels les conservateurs étaient confrontés : les matériaux étaient soumis auparavant à de fortes contraintes dues aux rayonnements ultraviolets et infrarouges créés par la lumière naturelle du soleil et par la lumière artificielle de lancien équipement. Or, léclairage par LED est exempt de rayonnement ultraviolet. De plus, il ne chauffe pas. Cest pourquoi le choix sest porté sur le Supersystem de Zumtobel, qui apporte une accentuation efficace même à de grandes distances. Les spots à LED de seulement
2,5W sadaptent, grâce à divers accessoires optiques, à des répartitions variables de la lumière. Sur les projecteurs de modèle Tempura, qui illuminent maintenant les coupoles de la salle du trône, il suffit dappuyer sur un bouton pour faire varier la température de couleur entre 2700°Kelvin et 6500°Kelvin, et les gardiens du château peuvent ainsi ajuster la luminosité selon les conditions ambiantes. À la performance visuelle sajoutent les économies dénergie, les LED consommant peu. Tout au long de lannée 2010, le chantier va se poursuivre : il est prévu de rénover tout léclairage du château et déquiper lune après lautre toutes les zones accessibles au public avec des matériels individuels à LED de Zumtobel. Nul doute que Louis II lui-même, en son temps extrêmement féru de nouveautés technologiques et des avancées de la science, sen serait réjoui.
Les acteurs du chantier
Maître douvrage : Bayerische Verwaltung der staatlichen Schlösser, Gärten und Seen (Munich) / Thomas Rauh, Staatliches Hochbauamt Kempten
Entreprise dinstallation électrique :
Ambos (Füssen)
Fabricant des matériels déclairage : Zumtobel
Matériels : projecteurs à LED Tempura, solution déclairage spéciale à LED Supersystem
Ludwig : un jeune souverain troublant et troublé
Né le 25 août 1845 au château de Nymphenburg,
Ludwig II, roi de Bavière de 1864 à 1886, est lun des personnages les plus fascinants du XIXe siècle. Couronné à 18 ans, rêveur et peu enclin aux mondanités, sa destinée romanesque et tragique en ont fait un héros encore très adulé aujourdhui. Richard Wagner, quil a sauvé de la misère et dont il devint le mécène, écrivit de lui : « Il est malheureusement si beau, si charmant, si plein dâme et desprit, que je crains que sa vie ne se dissipe comme un rêve divin éphémère dans ce mauvais monde.» Ce fut effectivement le cas. Délaissant les réalités décevantes et parfois effrayantes de lépoque la Bavière devint dépendante de la Prusse en 1866 ! et négligeant les obligations de sa mission royale, il se forgea un monde bien à lui, entrant dans un imaginaire flamboyant, se comparant à Parsifal, et se lançant dans des projets de construction de châteaux extraordinaires, dont celui de Neuschwanstein. Les représentations lyriques quil faisait jouer pour lui seul au Hoftheater, ses étranges promenades nocturnes en traîneau, drapé dans des costumes historiques, sa passion des beaux jeunes hommes, on lui aurait probablement tout pardonné sil navait pas pratiquement ruiné lÉtat par ses délires architecturaux, dont la réalisation coûtait des fortunes que sa cassette personnelle ne pouvait couvrir, au point que les banques étrangères prêteuses parlèrent de saisie. On linforma. Il refusa de réagir raisonnablement. Alors, les politiciens de son gouvernement, avec la complicité de médecins, le firent passer pour fou, le mirent sous tutelle en 1886, le destituèrent et lenfermèrent au château de Berg. Le 13 juin de la même année, on le retrouva mort dans le lac de Starnberg. La disparition de celui dont Baudelaire disait quil fut « le seul vrai roi de ce siècle » demeure, aujourdhui encore, lun des plus grands mystères de lHistoire.