En 2019 sera célébré le demi-millénaire du début de la construction, en 1519, du château de Chambord. Placé sur la première liste des Monuments historiques en France en 1840 au même titre que le Louvre ou Versailles, patrimoine mondial de l’Unesco, Chambord est le plus mystérieux des palais royaux, jouant de la fausse symétrie et de plusieurs inconnues. Dans un contexte de forte progression de sa fréquentation et de l’autofinancement du Domaine national de Chambord, des chantiers d’importance doivent être lancés afin d’offrir au regard du visiteur un Chambord transformé et magnifié. L’objectif des célébrations est d’offrir les clés de lecture d’un Chambord tel qu’il a été pensé par son fondateur, François Ier et l’architecte inspirateur, Léonard de Vinci. Il s’agit de donner à voir la matrice originelle du château, l’une matérielle, la construction, l’autre immatérielle, ses symboles, dans le cadre d’un riche programme de restaurations, associé à une exposition retraçant précisément cette genèse.
Restauration des plombs et dorures des lanternons de Chambord
Dès 1539 sous François Ier, la dorure à la feuille des lanternons de Chambord est attestée par plusieurs témoignages. Cet état a perduré jusqu’en 1577. Au décor de pierres de Chambord, s’ajoutaient des ornements de plomb richement ouvragés qui ont disparu après la Révolution. Ils ont été en grande partie rétablis au XIXe siècle et à nouveau supprimés dans les années 1950. Leur restauration, puis la dorure des lanternons, modifiera de façon spectaculaire la perception de Chambord. Maître d’œuvre, Philippe Villeneuve, Architecte des monuments historiques, en charge également de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
A l’intérieur du château, mise en scène d’un décor de la Cour itinérante de François Ier
Après la restauration de ses jardins à la française en 2017, Chambord entend recréer l’atmosphère qui régnait à l’intérieur du château à l’époque de François Ier. La restitution des décors mobiles et textiles de François Ier lors de son dernier passage à Chambord en 1545 et la restauration de la chambre du Roi opèreront une transformation spectaculaire de la visite dans une approche scientifique et didactique. Concepteur de ce projet, Jacques Garcia, décorateur et scénographe, qui agit en mécénat de compétences.
Restauration du mur d’enceinte par un chantier d’insertion
C’est le périmètre de ce mur qui a fait de Chambord le seul domaine national ayant conservé ses dimensions d’origine durant cinq siècles. Ceci explique que Chambord soit placé – comme les Invalides -, sous la haute protection du Président de la République. Un chantier de qualification et d’insertion devra rendre possible la restauration des 32 kilomètres de mur. De jeunes professionnels se spécialisant dans la restauration de Monuments Historiques seront associés au projet dans le cadre de chantiers écoles, encadrés par des professionnels qui les formeront au métier Dans cet objectif, il s’agira de restaurer dix kilomètres de mur sur six ans.
Exposition « Chambord, 1519- 2019 : l’utopie à l’œuvre »
L’exposition est placée sous le double commissariat de l’architecte Dominique Perrault et du philosophe Roland Schaer. C’est la première exposition jamais réalisée à Chambord qui traite du sujet de l’architecture du château et de l’implication de Léonard de Vinci dans l’élaboration des plans d’origine. Elle se décline en deux temps, le premier se consacre à l’histoire de la construction de Chambord, le second imagine Chambord inachevé, un Chambord qui aurait vu sa construction poursuivie au XXIe siècle.
D’autres projets ponctuent les 500 ans. La conception d’un nouvel éclairage mettra en lumière le monument avec élégance et sobriété tout en respectant la faune qui vit dans le domaine. Un potager en permaculture sera aménagé au sein même des écuries du Maréchal de Saxe comme ce fut le cas au XIXe siècle jusqu’en 1976 et dans les parcelles des casernes mitoyennes d’un hectare et demi. La construction du chai, confiée à Jean-Michel Wilmotte, premier chai d’architecte en Val de Loire. D’une forme contemporaine, situé à 1,4 km à vue du château, il rouvre un cycle permanent de renouvellement, le cycle de vie que symbolise le vin, que symbolise Chambord dès l’origine.
Photo : Tour Lanterne restaurée – © Léonard de Serres