Les 8 000 tuyaux du grand orgue symphonique de Notre-Dame de Paris répartis en 115 jeux en font le plus grand instrument de France en nombre de jeux. Lors de l’incendie, il n’a pas été inquiété par les flammes et a reçu très peu d’eau au cours de l’intervention des pompiers. Néanmoins, il a été recouvert de poussières de plomb et certaines parties ont souffert des variations thermiques subies par la cathédrale depuis l’incendie, notamment lors de la canicule de juillet 2019. Il nécessite donc un nettoyage approfondi et une restauration, qui ne peuvent être effectués sur place. Il a donc été déposé du 3 août au 9 décembre 2020.
Un appel d’offres a été publié le 1er avril 2021. Le groupement attributaire des travaux de restauration de l’instrument – l’atelier Quoirin, à Saint-Didier (Vaucluse), l’atelier Cattiaux-Chevron, à Liourdres (Corrèze) et la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues, à Lodève (Hérault) – a été désigné à l’été 2021.
Réalisés sous la maîtrise d’ouvrage de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et sous la maîtrise d’œuvre de Christian Lutz (mandataire) et Eric Brottier, organologues, techniciens-conseils agréés par le ministère de la Culture pour les orgues protégés au titre des monuments historiques, les travaux de nettoyage et de restauration du grand orgue ont débuté l’automne dernier pour lui permettre de résonner dans la cathédrale lors de sa réouverture au culte et à la visite en 2024.
L’ensemble des éléments déposés, stocké dans des entrepôts spécialement aménagés par l’établissement public, a ainsi été peu à peu transféré et réparti entre les trois ateliers : à la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues, les 19 sommiers, préalablement décontaminés cet hiver par l’Atelier Quoirin,sont en train d’être restaurés.
à l’atelier Cattiaux-Chevron, les travaux de décontamination et de révision de la console et des 8000 tuyaux, commencent, à l’atelier Quoirin qui, après avoir décontaminé les 19 sommiers, se chargera cet été de la pose des 850 électro-aimants qui permettront d’ouvrir les soupapes des sommiers (par lesquelles l’air alimentera les tuyaux et les fera sonner), ainsi que par la pose des 180 vérins pneumatiques qui actionneront les registres (planches trouées en bois). Concomitamment, dans la cathédrale, la décontamination du buffet du grand orgue, se termine. Il bénéficiera ensuite d’une restauration, qui débutera en avril et durera jusqu’à l’été. L’opération, sous la maîtrise d’œuvre de Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, sera réalisée par une restauratrice de peintures.
La restauration des quatre grands soufflets se tiendra cet été. L’opération consiste à renouveler tous les joints d’étanchéité, confectionnés en peau de mouton et qu’il ne serait pas possible de décontaminer sans altérer leurs propriétés. Destinés à garantir une réserve suffisante d’air sous pression, quelle que soit la consommation qui en est faite suivant les registres tirés par l’organiste, ils devront être rigoureusement étanches. Pour que la colle chaude adhère bien, il faudra que le bois soit à une température supérieure à 20°C, de manière à ce qu’elle pénètre bien dans les pores et ne se fige pas trop vite. C’est pourquoi cette opération se fera durant les mois les plus chauds de l’été 2022.
Dernière étape du chantier de restauration du grand orgue, dans la cathédrale, la restauration des tuyaux de façade, restés sur place car trop fragiles pour être transportés, aura ensuite lieu en octobre 2022. En 2023, à l’issue de sa restauration, le grand orgue sera remonté dans la cathédrale. Il sera alors harmonisé et accordé afin de lui permettre de résonner lors de sa réouverture au culte et à la visite, en 2024. L’opération, qui exige le silence le plus complet, sera effectuée de nuit.