À quelques pas de la célèbre cathédrale de Chartres, la maison du Saumon se situe place de la Poissonnerie, non loin de la maison de la Truie-qui-file. Dans ce quartier, on vendait du poisson depuis le début du XVe siècle : les navires partaient de Normandie, remontaient la Seine, puis lEure et, une fois leur cargaison débarquée, ils repartaient dans lautre sens, chargés de produits de la Beauce, quils fournissaient aux marchands de Rouen. Cette maison du Saumon fut, dit-on, la demeure dune certaine Catherine Maubuisson, dame de Borville, qui avait fait fortune dans le négoce. Jusque dans les années 1870, pratiquement toute la place avait conservé ses maisons anciennes, mais celles-ci furent démolies. Aujourdhui, la maison du Saumon accueille des expositions et des opérations de promotion touristique.
Létat du bâtiment
Sur cette façade, classée MH par arrêté du 5 mai 1928 et ornée de nombreuses sculptures, dont certaines présentent encore des traces de polychromie, les bois avaient beaucoup souffert : les dégradations en profondeur étaient considérables, et un traitement radical simposait. Spécialisée dans le sauvetage des constructions patrimoniales présentant des signes daffaiblissement mécanique, lentreprise Renofors est depuis près de 25 ans une référence en la matière. Sous la direction de Patrice Calvel, ACMH, les travaux se sont déroulés en plusieurs phases, après examen attentif des caractéristiques architecturales du bâtiment.
Le procédé de renforcement
Après élimination des zones de bois pourries, vermoulues ou dune façon générale trop dégradées pour être conservées, des trous sont percés dans les bois sains afin dy introduire des barres en fibre de verre ou de carbone, formant ainsi des armatures reprenant les efforts de traction. Des résines pures y sont injectées pour fixer le tout. Pour les volumes importants à reconstituer, un mortier de résines époxydiques est coulé dans les poutres évidées.
Les spécificités du chantier
Carl Redon, directeur technique de Renofors, explique : « Nous avons dabord broché toutes les sculptures dans les poutres maîtresses au pied du bâtiment, puis nous avons ouvert les sablières, qui étaient creuses à lintérieur. Nous avons ensuite broché les poutres à létage, et toutes les décorations de façade. » Pour ce faire, il faut, après dégagement des bois malsains, utiliser une très longue mèche afin de réaliser le percement. Puis on introduit larmature en fibre de verre. La zone est coffrée et plâtrée provisoirement : on y fixe une canalisation par laquelle va sécouler la résine de remplissage. Carl Redon reprend : « Dans certains endroits, il a été nécessaire deffectuer un maillage dense de plusieurs barres, de diamètres différents, reliées entre elles afin de solidifier encore davantage la résine. Le mortier utilisé est un mélange de sable et de résine époxy, qui présente une élasticité assez proche de celle du bois. » Il est nécessaire de couler le produit en plusieurs passes, afin déviter les problèmes dexothermie qui pourraient survenir si lon coulait tout le volume en une seule fois.
Le choix des finitions
« On ne peut pas laisser, dit encore Carl Redon, de grosses réparations en résine époxy exposées aux UV, le produit ny résisterait pas. » Alors, dans le cas de la maison du Saumon où, effectivement, les apports en résine sont considérables, léquipe Renofors a commandé des pièces de chêne : une fois toutes les résines solidifiées, les parties apparentes seront recouvertes de ce bois neuf, fixées harmonieusement et travaillées pour obtenir un aspect vieilli, afin de se fondre esthétiquement dans lensemble de la façade médiévale. « Cest essentiel pour la durabilité de louvrage », insiste notre interlocuteur. Ce chantier de confortation a duré un mois et demi.
S. V.
Les acteurs du chantier
Maître douvrage : Ville de Chartres
Maître duvre : Patrice Calvel, ACMH
Vérificateur : Pascal Asselin (vérificateur des MH)
Bureau de contrôle : Qualiconsult
Lot charpente/menuiserie : Renofors
Coût de lopération : 87996,73e TTC