À Harfleur, en Normandie, les équipes de l’Inrap ont mis au jour des éléments de fortification remarquables, dont une tour creuse et un ouvrage défensif avancé (casemate), ainsi que des vestiges d’habitation des XIIIe et XIVe siècles. Du XIe siècle à la création du port du Havre en 1517, la ville de Harfleur était le principal port maritime de Normandie. Devant faire face à la menace anglaise, la ville s’entoure à partir de 1344 d’un rempart flanqué de tours et de trois portes, puis d’un bassin fortifié au sud de la ville, « Le clos des Galées », servant de port militaire. La porte de Rouen, ouvrant sur ce bassin, est doublée à la fin du XVe siècle, d’un boulevard d’artillerie.
Les archéologues ont dégagé une portion du rempart nord de la ville sur près de quatre-vingt mètres. Les maçonneries ne sont pas toutes d’origine et témoignent de réfections effectuées aux XVe et XVIe siècles. Dans un état de conservation variable, la muraille atteint par endroit 1,50 m d’élévation. Le parement médiéval est constitué de gros blocs, alors que le parement moderne est constitué de petits moellons en silex, avec des harpes en calcaire. Les archéologues ont révélé la présence d’une tour semi-circulaire de six mètres de diamètre, dotée d’une poterne (porte dérobée) ouvrant sur l’extérieur. Mentionnée sur les plans anciens sous le nom de tour de la Cigogne ou tour de la Grue, cette tour comprenait une salle accessible par une petite porte depuis l’intérieur du rempart. Autre découverte, la tour était défendue par un ouvrage avancé en forme d’éperon, édifié dans un second temps, peut-être en partie dans le fossé bordant le rempart. Plus tard, l’accès à la tour a été condamné par un talus en terre. Visibles sur plus de trente mètres de long, ces talus ont peut-être été rendus nécessaires par la destruction de la muraille. Leur sommet a été coiffé d’un mur de retenue de terre qui formait sans-doute une plateforme pour accueillir l’artillerie.
La fouille de l’impasse Gambetta a permis d’étudier un quartier d’habitat dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Les archéologues ont mis au jour des bâtiments en bois des XIIIe-XIVe siècles, dont subsistent des sols, des bases de cheminées ainsi que des assises de pierres (ou solins) supportant des colombages aujourd’hui disparus.
Aménageur : Logeo Seine Estuaire
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Sylvain Mazet, Inrap
Responsable scientifique : Jean-Yves Langlois, Inrap
Photo : L’ouvrage avancé en forme d’éperon protégeant la tour, vue de l’extérieur – Jean-Yves Langlois, Inrap