L’Inrap, la Fondation Groupe EDF et la Drac Hauts-de-France viennent de signer à Amiens un accord de mécénat qui rend possible un programme d’étude novateur ainsi que la conservation-restauration de certains éléments emblématiques de l’ensemble monumental de Pont-Sainte-Maxence. Mis au jour par l’Inrap en 2014, ils vont faire l’objet d’une campagne de sauvegarde et de reconstitution 3D à des fins d’études complémentaires et dans l’optique d’une présentation des vestiges au public.
Ce monument du milieu du IIe siècle de notre ère a livré une statuaire remarquable, sans équivalent en Gaule romaine. L’entrée s’y faisait par une façade monumentale de près de 10 m de haut et 70 m de long. Découverte effondrée, elle était percée d’une série de 13 à 17 arcades, surmontées d’un entablement et, fait exceptionnel, d’une frise d’attique qui évoque le vocabulaire architectural des arcs triomphaux. L’ornementation, parfois rehaussée de couleurs, révèle une profusion de décors sculptés d’une qualité remarquable : animaux, scènes mythologiques, statues de divinités… D’autres éléments décoratifs ont aussi été découverts : balustrades à décor de « S » affrontés et de lances, fragments de placage en marbre.
La mise au jour notamment a provoqué une dégradation de la pierre qui nécessite de missionner une spécialiste des collections publiques et des monuments historiques pour restaurer quatorze des blocs les plus emblématiques et leur rendre leur aspect originel. Le traitement de ces mobiliers sera aussi l’occasion de mener, avec le concours de chercheurs d’EDF, des études sur les matériaux employés (pigments, mortiers) et leur provenance géographique.
Le chaos de milliers de blocs et de fragments, produit par l’effondrement de la façade monumentale quelques décennies après sa construction, a été scrupuleusement relevé sur plan par les archéologues. Dans le cadre de son mécénat, la Fondation Groupe EDF a noué un partenariat avec l’Insa (Institut national des sciences appliquées) de Strasbourg dont le travail viendra compléter l’analyse des archéologues. 65 blocs de toutes tailles seront ainsi numérisés afin de proposer une restitution 3D du monument. En confrontant leurs hypothèses, archéologues et ingénieurs tenteront de reconstituer l’agencement de la façade ainsi que le mécanisme de chute du monument, dans le but de le présenter au public.
De gauche à droite, Dominique Garcia, président de l’Inrap, Marc Drouet, directeur de la Drac Hauts-de-France, et Emmanuelle Mercier, secrétaire générale de la Fondation EDF.
© Elisabeth Justome, Inrap 2017
Tête féminine, IIe s. de notre ère, sanctuaire de Pont-Sainte-Maxence (Oise), 2014.
© Denis Gliksman, Inrap