Actuellement, une équipe d’archéologues de l’Inrap mène une fouille sur quatre zones distinctes de la commune de Lavau (Aube) en amont de l’aménagement d’un centre pénitentiaire.
La première zone de fouille, en cours de décapage révèle des fosses de chasse du Néolithique. Ces aménagements, qui longent certaines vallées et vallons de la plaine de Champagne, se présentent sous la forme de profondes fosses (parfois plus de 2 mètres), régulièrement alignées. Destinées à piéger les animaux sauvages de la fin de la préhistoire, elles témoignent sans doute des premiers aménagements du paysage séparant le domaine cultivé des espaces sauvages, au moment de l’apparition de l’agriculture.
Dans une deuxième zone, les archéologues fouillent les vestiges d’un établissement agricole gallo-romain, actif des années 150 à 250 de notre ère. Cette ferme a été entièrement construite en matériaux d’origine locale. Avec une architecture en bois et torchis, cet établissement est délimité par une palissade dessinant un enclos de plan rectangulaire de 120 sur 50 mètres environ. Dans cet enclos, les archéologues retrouvent les traces de plusieurs bâtiments en terre et bois, au plan très allongé et clairement identifiable. Ces bâtiments, disposés selon une orientation similaire à l’enclos, ont une forme qui évoque des bergeries ou des étables et sont probablement en lien avec l’élevage de moutons. Des traces d’artisanat domestique sont également retrouvées : des pesons de métiers à tisser réemployés dans les fondations des bâtiments témoignent d’une activité textile sur le site. Dans l’angle nord-ouest de cette exploitation, de petits celliers signalent la présence d’une habitation datable des années 200-250 de notre ère.
Une dernière zone de fouille concerne le « grand chemin de Troyes à Chalons », qui a précédé l’actuelle route reliant Troyes à Châlons construite à partir de 1750. La bande de roulement de ce « grand chemin » se matérialise par de nombreuses ornières réparties sur une vingtaine de mètres de large, qui incisent profondément le sous-sol. Il semble que la circulation s’effectuait directement sur le substrat crayeux, sans chaussée mise en forme par remblai. Malgré son importance, l’axe de circulation s’apparente plus à une piste qu’à une véritable route, ce que semble confirmer les plans du XVIIIe siècle des environs de Lavau.
Du côté oriental de l’axe de circulation, de nombreuses fosses de plantation de vigne sont retrouvées par les archéologues. Mises en parallèle d’autres découvertes archéologiques réalisées dans des parcelles environnantes, elles indiquent l’importance de la viticulture sur le territoire de Lavau entre la fin du Moyen-Âge et la Révolution française.
Photo : E Bénistant, Inrap