À Famars (Nord), une nouvelle campagne de fouilles de l’Inrap a révélé l’existence du quartier artisanal de Fanum Martis, à l’emplacement du futur Technopôle Transalley., habité du Ier au IVe siècles puis utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Alors que de nombreux artefacts préhistoriques ont été découverts au cours des premières campagnes de fouilles réalisées sur le Technopôle, aucun lieu d’occupation n’a été exploré. Cependant, la partie basse du terrain recèle des traces d’un habitat datable d’entre 30000 et 14000 avant notre ère. La Protohistoire n’est représentée que par quelques structures attribuables à l’Âge du Bronze moyen (1435-1290 avant notre ère) et final (1005-840 avant notre ère).
Les premières traces d’occupations de Fanum Martis remontent aux années 40 de notre ère. Les vestiges de cette première installation sont dispersés et placés à distance d’un fossé ceignant mares ou flaques. Les lambeaux d’un chemin de terre sont à associer à cette période, tout comme quatre inhumations réparties sans ordre apparent et caractérisées par un manque de soin au défunt. Alors que l’incinération prévaut à cette période, ces inhumations semblent plus être des rejets que de véritables sépultures.
Dès la seconde moitié du Ier siècle, la localité se développe. En plusieurs endroits, un habitat associé à de nombreuses activités de production est installé en périphérie du cœur urbain implanté sous l’actuel centre de Famars. Dans le secteur du Mont Houy, un parcellaire normé est établi tandis que les infrastructures et monuments publics (aqueduc, thermes, théâtre) s’élèvent dans l’agglomération. Les potiers, mais aussi, les forgerons, les vanniers, les tanneurs sont établis dans différents quartiers. La ville va connaître son apogée à la fin du IIIe siècle – début du IVe siècle de notre ère, période à laquelle elle est le pôle économique de la région et couvre environ 200 hectares.
Vers 320, la fonction de Fanum Martis change : elle devient le siège des troupes militaires et du préfet des lètes nerviens (praefectus laetorum Nerviorum (in) Fanomantis Belgicae secundae). La ville se réduit alors à un castellum (place forte).
Tout au long de l’Antiquité, la plupart des constructions sont bâties en bois et en torchis, parfois fondées sur solin de grès, matériau provenant des carrières voisines. Si elles disposent généralement d’un cellier, trois sont pourvues de caves maçonnées en opus mixtum (appareil combinant lits de moellons de pierres et lits de brique). L’édification ultérieure du castellum (vers 320) ayant nécessité énormément de matériaux de réemploi dont les élévations explique qu’aucune élévation n’a été reconnue sur ces fondations de blocs de grès ou de craie damée. La présence de fragments de suspensura (sol suspendu), de pilettes et de rejets de béton de tuileau atteste la présence d’hypocaustes (système de chauffage par le sol) dans les demeures les plus vastes. Toutefois, seules les bases de l’un d’entre eux ont été découvertes lors des opérations précédentes dans le secteur du Technopole.
Les fouilles menées en 2019 ont permis d’identifier une zone de tannerie, l’atelier d’un glutinarius (fabricant de colle) et la présence d’une bourrellerie/cordonnerie, attestée par des alènes (poinçon servant à percer le cuir) et un lissoir. L’utilisation de l’os de bœuf pour la fabrication de colle par extraction du collagène s’avère être une activité importante sur ce site du IIIe au début du IVe siècle. La campagne de 2019 a également livré onze fours à céramique venus compléter la série des quinze déjà connus. Les ateliers produisent majoritairement des cruches et des amphores, mais aussi des pots lustrés destinés à la présentation ou encore des vases à visages moulés.
La période moderne est représentée par quelques foyers témoignant de la présence de troupes de Louis XIV en cantonnement lors des sièges de Valenciennes de 1656, 1677, et de celles du général Dampierre lors de la guerre de la Première Coalition en 1793.
Source : Inrap
Photo : Statuette en céramique représentant Mercure – S. Lancelot, Inrap