Des archéologues de I’Inrap mènent actuellement des fouilles archéologiques à l’intérieur de l’église du couvent des Jacobins à Morlaix et mettent au jour des vestiges de cet établissement religieux depuis sa fondation jusqu’à la Révolution Française. La première phase de la fouille a livré 230 tombes, dont celle d’un gouverneur de Morlaix, ainsi que de rares objets de dévotion. Femmes, hommes et enfants de tous les âges sont inhumés dans l’église. À l’issue de la phase de terrain, l’analyse des ossements et leur étude exhaustive permettront de caractériser le sexe, l’âge et la stature des défunts. Les traces infectieuses, traumatiques ou celles spécifiques dues au vieillissement, comme aux carences alimentaires, observées sur les restes osseux et dentaires seront discutées afin de proposer un profil de la population inhumée. Que ce soit dans les caveaux ou bien dans les tombes en fosse (et cercueil), les corps sont inhumés en linceul. Ceux-ci sont maintenus par des épingles en alliage cuivreux. De rares bijoux (bagues, bracelet) ont été identifiés, mais ce sont surtout des objets de dévotion religieuse qui accompagnent les défunts, comme des chapelets et des crucifix. Les grains de chapelet sont de tailles et de matières variées, bois, os, pierre ou verre sont employés pour les réaliser. Un grain particulier en forme de tête de mort a été identifié sur un des défunts, il s’agit d’une pièce rare et à ce jour inédite pour le grand-ouest. Les crucifix sont en bois, en alliage cuivreux ou encore en terre cuite. L’humidité du sous-sol de l’église est propice à la conservation des matières organiques. Des éléments de bois de cercueil sont conservés, mais aussi des croix en bois ou des lambeaux de tissu. Ces indices organiques sont prélevés et seront analysés afin de caractériser d’une part les essences de bois utilisées, et d’autre part les textiles composants les linceuls. Fondé en 1238, le couvent des Jacobins de Morlaix est l’un des plus anciens établissements religieux de la ville. Son église est consacrée en 1250, puis restaurée et agrandie après un incendie en 1344. L’étude du bâti ancien sera réalisée à partir de l’automne 2024 et visera à caractériser les techniques de construction utilisées pour le bâtiment ainsi que leur évolution au fil du temps.
Source : Inrap – Photo : © Emmanuelle Collado, Inrap