Le bâtiment Blin a été construit à la fin des années 1870. Originellement nommé « bâtiment des six services », il abritait les départements de zootechnie, d’histoire naturelle, de zoologie, de physiologie, de pathologie médicale et d’anatomie, avec un grand amphithéâtre tout en bois, sans compter deux salles de dissection. À l’étage, on a installé la vaste bibliothèque et l’impressionnant musée Fragonard dont la notoriété se répandit partout en Europe dès le 18e siècle, ouvert d’abord aux étudiants en 1902 puis au public depuis 1991. Le remplacement dans les règles de l’art de sa couverture en zinc représente une nouvelle tranche du chantier global de restauration des édifices du site. Ce toit se caractérise par de grandes surfaces planes rythmées par des cheminées et une vaste rotonde en demi-cercle couronnée par une petite verrière surélevée. L’École nationale vétérinaire, maître d’ouvrage, et la SECC, maître d’oeuvre, ont opté pour le zinc de VMZinc. Rappelons que VMZinc, jadis connue sous l’appellation Vieille Montagne, est de nos jours la marque internationale de référence des produits en zinc laminé fabriqués par l’unité Bâtiment du groupe Umicore, un géant industriel d’origine belge spécialisé dans les métaux non ferreux qui emploie 17 000 personnes dans le monde entier, et dont le chiffre d’affaires se compte en milliards d’euros.
Une restitution à lidentique
Didier Masset, responsable Prescription VMZinc explique : « Le chantier est réalisé en zinc naturel en épaisseur de 0,80, sans aucun revêtement particulier, un matériau qui se patine simplement au fil du temps. L’entraxe est de 500 : aujourd’hui, il aurait été possible de couvrir le bâtiment en entraxe de 650, mais ce choix a été motivé par la nécessité de refaire à l’identique. ». Et c’est précisément là l’une des spécificités majeures de ces travaux, dont chaque phase a nécessité un soin particulier afin de restituer une couverture telle qu’elle apparaissait originellement au 19e siècle. « C’est donc un chantier à la fois très simple, et assez technique dans ses détails, reprend Didier Masset. Si la conception globale est en tasseaux parisiens en feuilles de deux mètres, certaines parties sont complexes, comme la rotonde gironnée qui vient se raccorder sur la petite verrière. Les chéneaux, les banquettes, les entablements ont également demandé un savoir-faire affirmé. ». Ce savoir-faire, c’est celui de l’entreprise Thermosani, sise à Vitry-sur-Seine, rompue depuis des décennies aux restaurations de bâtiments anciens. Il s’agit d’une société détentrice de la qualification Patrimoine ancien, dont l’origine remonte à 1976 et qui compte maintenant une cinquantaine de collaborateurs, ce qui en fait, dans ce secteur, une structure importante.
Une réfection totale du toit
Bruno Vecchione, dirigeant de Thermosani, souligne quavant de poser les 1 220m2 de zinc, « il a fallu effectuer la dépose de l’ensemble de l’ancienne couverture, en zinc naturel également, qui avait souffert, ainsi que le voligeage. Puis la charpente a été traitée contre les mousses, les champignons et les insectes xylophages ». Ensuite vint la pose dune couche d’isolation en laine minérale selon la RT 2005, avant la mise en place d’un voligeage neuf. « Les travaux ont consisté en la mise en oeuvre dune couverture zinc à tasseaux avec couvre-joints, arêtiers, faîtages, raccords autour des verrières et raccords aux maçonneries. L’opération a duré environ sept mois », ajoute Bruno Vecchione. Une partie des opérations a été réalisée dans les ateliers de l’entreprise : « Nous avons fait beaucoup de préparation en amont, ne serait-ce qu’à cause des très mauvaises conditions climatiques de cet hiver, qui rendaient délicates, voire impossibles, certaines manipulations sur le site. »
Échanges techniques
Didier Masset insiste sur le fait que « le dialogue a été nourri et permanent entre tous les différents acteurs du chantier », et que « la SECC s’est montrée, à juste titre, très pointilleuse sur la précision. Tout ayant été refait à l’identique avec les techniques du 21e siècle, il aurait été potentiellement possible de prendre des voies peut-être plus simples pour parvenir au résultat, mais le prescripteur a insisté pour que la mise en oeuvre s’effectue selon les mêmes critères de qualité qu’au 19e siècle, dans les moindres détails ». Cela n’a guère posé de problème à l’équipe de Bruno Vecchione, qui commente : « Nous navons pas eu de difficulté particulière au cours de cette réfection, car nous avons une grande habitude de ce type de chantier. La véritable clé de la réussite, c’est la compétence des hommes. En outre, nous avons établi depuis longtemps une collaboration très suivie avec les équipes de VMZinc, qui sont toujours très attentives aux exigences techniques des entreprises qui travaillent sur des projets patrimoniaux ». On attend l’annonce du début de la prochaine tranche de la restauration à Maisons-
Alfort.
L’architecte du 19e
C’est à Arthur-Stanislas Diet, né le 5 avril 1827 près d’Amboise, mort en 1890, que l’on doit ce bâtiment de l’École nationale vétérinaire. Après des études à l’École des beaux-arts, il prépare un projet architectural de grand musée, qui lui vaut d’obtenir le grand prix de Rome en 1853. On lui doit, entre autres, la reconstruction de l’Hôtel-Dieu à Paris et l’agrandissement de l’hôpital psychiatrique de Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne.
Le détail des travaux de couverture
- Descentes d’eaux pluviales : 220ml
- Banquettes en zinc à tasseaux : 105m²
- Chéneaux à ressaut avec devant
- de socle : 300ml
- Surfaces courantes en zinc posées
- à tasseaux : 1 221m²
- Bandes d’égout :300ml
- Noues : 16,5ml
- Noue à crémaillère :10,5ml
- Arêtiers : 32ml
- Faîtages à deux pentes : 123ml
- Chatières de ventilation : 29
- Entourages de souches : 10
- Châssis de toiture en acier galvanisé : 8
- Sorties de ventilation isolées : 3
- Dessus de mur : 13m²
- Potelets métalliques : 3
- Surfaces courantes gironnées : 161m²
- Rives contre élévation : 45ml